vendredi 30 décembre 2005

France 02

Le choc culturel... Que es eso ?

La première fois que l'on m'a parlé de choc culturel c'était au Japon et j'allais rentrer le lendemain. J'étais accompagné de Tuitui au karaoke et entre deux chansons il m'a averti. Averti de ce sentiment
normal et pourtant inacceptable je suis rentré. Premier choc : Dans l'attente des bagages à l'aéroport international de Nice Côte d'Azur je surprends deux bagagistes râlant en marseillais du retard de l'avion pour ces "putes de japonaises"... J'avais appris là-bas le respect d'autrui.

Aujourd'hui je revis un choc culturel...

Mes réflexes sont revenus tellement vite. Le volant dans mes mains glissent rapidement et sans hésitation. Mon espagnol ne s'insère pas dans mes interjections. Le prix en euro ne m'effraye pas. Le visage souvent fermé des passants ne me rebute en rien...

Alors quoi ? Quel choc ? Quelle hantise ?


En rentrant de mon voyage j'ai rapidement trouvé du travail à la fnac de Nice. Y ayant travaillé en décembre 2004 je retrouvais là-bas mes amis, mes collègues et des réflexes que je croyais enfouis.

Le premier jour, 200 clients... c'est énorme; pour ceux qui ne s'en doutent pas. Les retours de machines cassées ; qui ne fonctionnent pas, plus ; qui ne plaisent pas ; de machines qui fonctionnent mais que le client ne comprend pas...

Tout cela défile devant moi comme un rêve que je travaille dans mes mains, une pâte à modeler durcie.

L'esprit me gêne et je fais le vide le jour pour reprendre la pensée la nuit. Je pense à la responsabilité. La responsabilité des gens face à la société. Celle de la société face aux gens. On invente, on modernise, on confortabilise, on affine, on ajuste, et total... je suis dégoûté de la direction que tout cela prend...

Souvent je me vois lutter face à cette pente savonneuse, courir en sens inverse, et glisser pourtant.

On ne répare plus, on échange... "Votre machine est cassé monsieur ?

Un échange ? Oui, bien sûr !"

Allons plus loin... "Le lecteur DVD ne vous plaît finalement pas ?

L'appareil à moins de 15 jours ? Vous souhaitez un échange ?"

Et cet appareil, que devient-il ?

Reconditionné, il est revendu.

Pixel mort sur un écran neuf, affaire Fnac.

La moitié du temps, poubelle !

Je me souviens du vendeur de pile de montre, du réparateur d'horlogerie légère, du cireur de pompe, des petits kiosques d'électronique croulant sous les plaques d'étain, entre deux doigts un testeur de continuité qui joue des notes.

Alors je me demande qui est moderne.

Jeter, acheter à bas prix, stocker la merde.

Revendre, reconditionner, réparer, utiliser la merde.

Deux mondes... 1000 ans d'écart... mais dans quel sens ?

Je regarde mon monde à moi, ici, et je rêve de ramollir cette pâte, à la travailler, à la jongler, qui sait, peut-être prendra-t-elle une jolie forme.

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