lundi 7 novembre 2005

Bolivie 05

Avant hier nous étions à Ascención, et comme mon avion part dans très peu de temps maintenant, il nous faut sélectionner les villes où nous souhaitons passer le plus de temps. Nous n'aurons donc fait à Ascención qu'une journée et attendu le bus de 19h00 qui nous emmènera en 20 heures à Santa Cruz en Bolivie. Stéphan a insisté pour ne pas aller directement à la Paz. Le guide nous a effectivement annoncé un voyage prometteur si nous faisions ces 20 heures de trajets en passant par la route du Chaco...

Je sais que Stephan ne manquera pas d'écrire ces propres mots concernant ce trajet, mais pour vous donnez mes impressions, je vous cite simplement ici mes quelques lignes écrites durant ce parcours ...

" -05 Novembre 2005-

Hier c'est vrai la journée a été plutôt longue en attendant ce bus. Mais aujourd'hui nous y voilà ! Et bien comme il faut! Nous sommes partis hier soir, 19h00. Nous nous sommes endormis tard après de longues conversations et nous commencions à voir par la fenêtre quelques gouttes de pluies frapper sur nos vitres. Nous ne commencions alors qu'à nous inquiéter légèrement, sans savoir pourquoi, juste parce que nous avions lu que la traversée du Chaco ne durerait que 24 heures maximum s'il n'y avait pas de pluies !

Mais voilà, nous sommes le matin et ....il a plu. Le problème c'est qu'ici les routes ne sont pas faites. On est situé entre le Paraguay et la Bolivie, ni chez l'un, ni chez l'autre. Les bus s'embourbent toutes les 10 minutes et ça doit faire maintenant trois heures qu'on avance à tout petit pas! Les gens sont descendus pieds nus du bus pour aider à pousser, et de temps en temps un tractopelle ou un camion s'arrête pour nous aider à avancer. La route est prévue pour 2007 !!! Avec Stephan on ose imaginer que ce sera à peine fait en 2010. Sur notre droite on voit le route qui se dessine avec une fine couche d’asphalte sur laquelle on ne peut pas passer de peur qu'elle ne s'affaisse ! Du coup d'énormes troncs d'arbres sont posés tous les 50 mètres pour qu'on ne puisse pas circuler dessus. Et la BINGO...c'est bien ce qu'il se passe ! Stéphan est descendu prendre des photos superbes et impressionnantes! Nous sommes deux bus à nous suivre et toute à l'heure le premier avait quasi entièrement la soute dans la boue!.... (je m'arrête un moment car le bus redémarre et il m'est difficile d'écrire tellement ça bouge)
Seconde partie !!...Quel voyage! Après avoir passé la douane, les contrôles de passeport, les fouilles multiples... nous revoilà dans la galère!... Alors que nous échangions des mots doux et que tout le monde dormait dans le bus, nous voilà Stephan et moi surpris par un énorme BOOM !!! Le voyage est déjà repoussé avec une heure d'arrivée à Santa Cruz prévue pour 23h00 au lieu de 17 h00, mais là c'est la totale !! Stéphan va voir, descend du bus et remonte 10 minutes après en me disant avec un grand sourire: "
Exceso de velocidad..." la barre de transmission je crois, longue d'environ 2m50 est restée sur la route à 50 mètres plus loin! Apparemment pas d’affolement, les chauffeurs sont habitués! Ma foi ...

Au départ il était prévu 20 heures de bus, au total combien en ferons-nous... Surprise!!!"
Voilà donc où je me suis arrêtée. La fin de l'histoire...et bien nous nous sommes aperçus qu'en tombant, la barre de transmission avait fait un trou dans le réservoir d'essence, que les chauffeurs ne savaient plus comment faire, et nous avons attendus au moins une demi heure au bord de la route si ce n'est pas plus. Ensuite un bus qui passait par là s'est arrêté et nous à remorquer jusqu'au terminal de bus à Santa Cruz à 2h30 du matin...
Je laisse à Stephan le soin du détail...mais mon Dieu quel voyage !!!!
Bises à vous. Mi.


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La route du Chaco, voilà un nom qui résonnait en moi comme un appel à la découverte. Nous n'avons pas le temps de nous éterniser au Paraguay, malheureusement, mais l'aventure de traverser le pays par la frontière Bolivienne me semble indispensable... et pour cause.
Nous voilà donc à bord de ce fameux vaisseau, le bus Rio Paraguay, avec Air... Naturel !!! La transpiration monte donc... la chaleur est humide et moite et la crasse n'est pas belle à décrire. Je m'attarde sur quelques lignes prisent d'un côté sur le Lonely Planet du Paraguay et de l'autre sur le Routard de la Bolivie. Je cite :

... peut-être croiserez-vous des Mennonites dans la ville ou en chemin vers les missions ; il s'agit des membres d'une secte anabaptiste fondé au XVIeme siècle en Suisse, qui refuse toute autre autorité que celle de la bible. La majeure partie de leur communauté vit aujourd'hui aux Etats-Unis, mais ils se sont également établit au Mexique et au Paraguay, les autres pays qui assurent une rotation régulière entre les différentes communautés. Ils vivent entre eux, à l'Est de Santa Cruz, principalement du produit de leur agriculture. Dans les marchés, ils tiennent en général les étales de fromage. Côté vestimentaire, ça louche du côté « Petite Maison dans la Prairie ».

Puis tout en lisant je tourne la tête sur la gauche et je vois embarquer dans le bus, Charles Ingalls accompagné par rien de moins que 10 enfants (dont un encore dans le ventre de sa mère) leur mère et leur grand père !

La petite maison dans la prairie est un euphémisme, et plutôt que nous retrouver spectateurs de ces étranges individus, nous devenons bien au contraire l'élément curieux, attirant les yeux et les sourires des enfants ! Ils ont les ongles terreux, les habits de leurs aînés, la coupe du siècle dernier, et chacun une paire de Doc Martens usée jusqu'à la croute. Je n'ai jamais vu un groupe d'enfant aussi sage et discret, malgré leurs yeux scrutateurs !!! 9 gamins âgés entre 1 et 16 ans... et espacés gracieusement en âge, ça fait forcément du bruit, du chahut. Eh bien là non, du jamais vu... et puis d'un coup j'aperçois la petite coupure sur la lèvre du jeune à côté de moi ! Evidemment je ne peux rien conclure, et je ne conclu rien, mais la gueule du père à moitié ensuqué ne m'a pas laissé un souvenir des plus agréable. Ces gens là parlent le Guarani, un savant mélange de la langue indigène pratiqué avant la colonisation, d'allemand et d'espagnol. ¡Ñembopyahu!

Le résultat donne un truc incompréhensible à mes petites oreilles ("_Dis donc tu as de grandes oreilles ! _ Je tiens ça de mon grand-père. _ De quel côté ? _ Ben des deux, il aurait l'air con avec une seule grande oreille !!!" sic Milena et Stephan sur l'Ile d'Amantani).
Et puis les mœurs changent tellement... nous sommes choqués outre mesure quand nous apercevons le père et les enfants jeter à tour de rôle les ordures par la fenêtre. Je bougonne alors, discourant, au frais de ma compagne, sur l'écologie, la morale... tout en donnant sagement mes ordures au chauffeur me tendant le sac poubelle prévu a cet effet. Fier de moi et de l'univers je regarde par la fenêtre ce paysage si sérieux qui traverse d'une ligne de boue le paysage du Chaco, quand d'un coup, depuis la cabine du chauffeur je vois voler le fameux sac poubelle en direction des fourrés... Imaginez ma déconfiture !


Le soir est arrivé rapidement après notre départ, et nous sombrons dans un sommeil lourd et transpireux. C'est à deux heures du matin que l'on nous réveil pour les formalités de sortie du Paraguay et le tampon sur le passeport (sans le tampon, t'es mort !). Dehors, le désert. Au milieu, un cabanon. Je cherche pourtant sur l'horizon ce qui ressemblerait à un poste frontière, mais rien que ce cabanon. Il faut donc se rendre à l'évidence. Une queue se forme sous la lumière blanchâtre du seul néon éclairant la porte de ce cube de 3 par 3. Et la voix roque d'un réveil non anticipé nous appelle un par un : "siguiente !". À l'intérieur, un homme à moitié endormi nous prend les passeports ; derrière lui, deux hommes dorment sur des lits superposés en fer blanc. Ils sont sales et sentent l'humidité. Du ciment orne leurs rotules, et la lumière criarde ne semble pas les inquiéter. Nous passons au crible du douanier : "Vous êtes venus faire quoi au Paraguay ? _ Ben, visiter... (mauvaise intuition) _ Et vous croyez avoir compris le Paraguay en un jour vous ? (Là deux solutions, soit on s'engage dans une explication spatio-philosophique, soit on joue aux cons... bref, on joue aux cons...) _ Ben non hein, mais on compte bien revenir..." Le tampon acquis on s'échappe pour aller se recoucher. Le ciel se zèbre d'éclairs permanents et dans ma tête résonne cette phrase "Jusqu'à Santa Cruz ? 20h... Si il pleut par contre... ahahah". Black out.

La lumière s'infiltre doucement mais sûrement à travers mes paupières... je fais l'effort de regarder ma montre : 7h. Je referme les yeux. Puis soudain Milena me dit, Oh j'ai vu le plus bel arbre de ma vie... un vrai champipi!, et j'ose rouvrir les yeux, mais cette fois je serai bien incapable de les refermer. Je parlais de rouge et de vert... et bien je confirme... bien qu'avec un ciel bleu les couleurs aurait été éclatante. Nous filons (toujours dans le Paraguay, car le poste de douane se trouve 400km avant la frontière) sur une piste boueuse. Il aura plu toute la nuit. Le bus tangue comme un bateau, et qd les yeux se risquent à l'extérieur, on y voit effectivement de l'eau. On avance donc dans cette mare, avec un bus dont le cul se balade de droite à gauche en priant que les conducteurs aient pratiqué au moins une fois dans leur vie de la conduite sur glace !

Et puis soudain, c'est le drame... pas tellement dramatique que ça par ailleurs si l'on en croit le fou rire des employés. Le bus qui nous précédait s'enlise complètement dans 50cm d'eau... les soutes baignent, et les passagers sont coincés dedans au risque de se mouiller les pattes.
Il faut croire que ça arrive régulièrement car un tracteur viendra tirer le bougre de bus hors de sa bière et relancera haut les cœurs la course poursuite du Chaco... je passe les diverses enlisements qui se résoudront toujours avec cette simplicité du sourire, et j'en viens à la nuit suivante...
Évidemment, vu la pluie, nous n'escomptions plus arriver avant la nuit à Santa Cruz. Il est donc 21h et la nuit est noire quant au milieu de notre rêverie un bruit épouvantable se fait entendre... un bruit qui dure... ça claque, ça tape, ça grince, et d'un coup l'explosion... nous prions, l'espace d'une seconde !

Je me mets à courir après les chauffeurs qui sont déjà loin derrière le bus. Quand je les rattrape enfin, l'un d'eux tout en mettant l'arbre de transmission de la propulsion du bus sur l'épaule, me lancera, "on allait un peu trop vite, mais c'est rien on va réparer ça en deux deux..." malgré moi, je ris. A-t-on jamais vu un bus perdre son arbre de transmission à 100km/h en pleine nuit sans lune.

Comble, le temps de s'arracher définitivement de la carlingue, le long axe aura eu le temps d'esquinter les réservoirs de carburants. Nous voilà donc cloué. Il faudra attendre qu'un autre bus prenne en charge de s'arrêter et de nous escorter jusqu'à Santa Cruz où nous arriverons à 2h30 du matin.

Je vous ai mis en ligne quelques photos pour vous donner une idée du truc.
http://spaces.msn.com/members/troubadourcoquelicot/
still...

Nous prenons un peu le temps de profiter de Santa Cruz, puis ce sera direction La Paz... 20h... puis Cusco... 20h, puis Lima... aucune idée...

Emrys

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